Pourquoi m’être intéressée aux liens entre le cinéma et l’histoire? Pourquoi avoir choisi la Seconde Guerre mondiale comme terrain d’élection? Ces deux questions me sont souvent posées, m’invitant à l’exercice d’ego-histoire formalisé par Pierre Nora. Mais l’aveu du lien intime qu’un chercheur entretient avec son sujet peut réveiller la vie-oeuvre qui sommeille, toute armée, sous le genre de l’autobiographie intellectuelle ; la fantaisie de Gertrude Stein nous rappelle que la seule autobiographie qui vaille est celle de l’autre.
Ma réponse décevra donc les attentes. Elle ne doit presque rien à une histoire familiale où le poids traumatique de la guerre pèserait de génération en génération. Lindeperg n’est pas Lindenberg…. Comprenne qui voudra.
C’est un dispositif de vision qui déclencha mon intérêt croisé pour les images et pour l’époque des « années noires ». Il prit corps dans la cuisine de mes grands-parents maternels, par la rencontre fortuite d’une photographie d’identité et d’un poste de télévision sur un buffet en formica.